Résidence / Rimbun Dahan, Malaisie

Résidence au centre d’art Rimbun Dahan, Malaisie / Groupe A
Du 23 avril au 22 mai 2024

Effervescences

L’exposition propose un parcours d’art bouillonnant par le prisme de grands artistes de notre temps et d’artistes émergents, habités par la prise en compte du vivant, de la planète pour une meilleure cohabitation entre l’homme et la nature, ainsi que par les perspectives ouvertes par l’intelligence
artificielle.

Exposition visible du 30 mars au 30 avril puis du 1er octobre au 11 novembre : 10-18h
Du 1er mai au 30 septembre : 10h-19h

Château du Rivau 9 rue du Château 37120 Lémeré

Ainsi, dans le château, un parcours sensible invite à une approche visuelle et sensorielle des œuvres de David Altmejd, Carlos Aires, Elodie Antoine, Gilles Barbier, Pauline Bazignan, Romain Bernini, Bianca Biondi, Michel Blazy, Corine Borgnet, Sylvain Ciavaldini, Bryan Crockett, Hélène Delprat, Marie Denis, Matthieu Dufois, Richard Fauguet, Paul Fraier, Raymond Hains, John Isaacs, Laurie Karp, Christian Marclay, Filip Markiewicz, Eugenio Merino, Robert Montgomery, Meret Oppenheim, Laurent Pernot, Till Rabus, Antoine Roegiers, RU Xiao Fan, Mat Saunders, Jeanne Suspuglas, Rikrit Tiravanija, Nicolas Tourte, Jean-Luc Verna et le duo Broadbeck et de Barbuat.

l’époque bénie des globophages

Vues stratigraphiques

Voilà plus de vingt ans que Nicolas Tourte photographie des fragments de paysage qu’il ordonne ensuite par strates, dressant des vues en coupes géologiques. Ces photomontages avoisinant les trois cent semblent aborder tant la formation de notre Terre que la variété des érosions ou des exploitations qu’elle subit. On y aperçoit des traces de passages, celui du temps tout autant que ceux des bêtes, ou encore ceux des hommes et de leurs machines. Les jeux de lignes, de coupes, de veines, de tranches révélant le métamorphisme des roches et des sédiments nous donne à voir des motifs complexes qui constituent par leur juxtaposition une sorte de catalogue graphique des mouvements de la croute terrestre.

Ces vues stratigraphiques organisent une accumulation forcenée de signes recomposées, passées à la moulinette ou au presse purée, contraignant l’image de la même manière que les temps géologiques ont contraint la surface terrestre, se faisant dresser les montagnes et creuser les océans. Il y a là dedans des forces telluriques pétrissant et triturant les couches jusqu’a rendre courbe et flasque toute matière, coulant et s’étalant comme un trait de peinture lentement brossé. Ce sont des architectures naturelles improbables qui redessinent l’écorce terrestre pour mieux l’appréhender, s’approchant peu ou prou des échelles temporelles qui les ont façonnées et dont nous sommes exclus tant notre existence sur cette terre se réduit comparativement à peau de chagrin.

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, nous conseillait Nicolas Boileau, comparant le travail du poète à celui minutieux de la couturière. Ce vers prendra toute sa dimension en regard de l’accumulation répétitive mise en œuvre. Comme s’il s’agissait de revenir sans cesse à la même besogne pour s’assurer que ni le temps passé ni les gestes répétés ne laissent fuir les âges, comme si la répétition inlassable du même dispositif permettrait d’en comprendre le mécanisme, ou du moins d’en conjurer les effets. On pensera au mythe de Sisyphe, roulant éternellement une lourde pierre ronde, mais qui ici creuserait un sillon transperçant profondément la roche à tel point que la colline en serait traversée de part en part puis creusant encore à tel point que cette même colline s’inverserait dans les tréfonds. Ce qui est dessus se retrouverait en dessous. Ainsi s’érigent ces murailles comme autant de demeures mises sens dessus dessous, notre maison commune, la Terre, soudainement mise à nue et secouée, ébranlée et découpée, autant de pièces éparses que l’on visite hagard, et dont les motifs des tapisseries et autres ornementations murales nous rappellent la splendeur d’un spectacle millénaire dont nous ne saisissons qu’une infime partie.

Pascal Marquilly

Texte écrit pour l’exposition « Terrain vague » à la Sécu (espace d’art contemporain) et le projet art-science « IEAC » janvier 2024

Noise / Istanbul

Noise_Media Art / Istanbul _ Turquie
Du 17 au 21 janvier 2024
Structure : Cultur Foundry / Booth A2
Commissariat : Dominique Moulon

Terrain vague

Exposition du 13 janvier au 9 mars 2023
visible mercredi et jeudi de 14h à 18h puis vendredi et samedi de 14h à 19h

Vernissage vendredi 12 janvier à partir de 18h30, repas ‘‘after’’ à 20h30
La Sécu : 26, rue Bourjembois_59800 Lille / Métro Five

Terrain vague /

Une friche peut devenir un champ des possibles, un sol fertile. La
terre, un terrain, du terreau, le bois, autant de matière pour une
galerie d’objets aux formes insolites, multipliées, détournées. La
vague est une forme, le vague une forme de liberté.Stratifications,
sédimentations, séquences, séries, une compilation d’images
aussi concrètes que pénétrantes jonche le périmètre. L’espace
se resserre sans jamais enfermer puisqu’il est cycle, boucle, il se
parcourt, s’arpente, se contracte et séduit, peut-être.
Virginie Jux

So Sorry /

So Sorry /
Exposition collective avec :

Julie About, Rodolphe Baudouin, Chloé Borgnet, Chloé Borgnet, Corine Borgnet, Matthieu Boucherit, Jérôme Combe, Bryan Crockett, Jessy Deshais, Rohan Graeffly, Hélène Langlois, Loup Lejeune, Barbara Navi, Jean-Baptiste Perrot, Emma Picard, Raziye Ghadimi, Nicolas Rubinstein, Yann Derlin, Julie de Sousa, Jeanne Susplugas, Nicolas Tourte, Clarisse Tranchard, Amandine Urruty, Mathieu Weiler

J’aime la pétrochimie mais je préfère le matriarcat / Dadata +

Le Couloir / 19 rue du Curoir _ 59100 Roubaix
Vernissage vendredi 8 décembre à 18h
Exposition visible également le samedi 9 déc. de 14h à 23 h et dimanche 10 déc. de 14h à 20h

Avec : Corine Borgnet, Émilie Breux, Martin Coiffier, Mathilde Coq, Béatrice Meunier Dery, Marie-Noëlle Deverre, Thomas Ferreira, Rohan Graëffly, Virginie Jux, Stéphanie Kerckaert, Guillaume Krick, Christophe Loiseau, Pascal Marquilly, Raphael Morère, Jérôme Progin, Théo Romain, Nicolas Tourte, Hervé Waguet

DSOÉRDRED

Dsoérdred / Carte Blanche à Corine Borgnet

Vernissage le jeudi 30 novembre 2023 de 18h à 21h
H gallery / 39 rue Chapon – 75003 Paris
Exposition du 30 novembre 2023 au 13 janvier 2024,
du mardi au samedi de 13h à 18h ou sur rendez-vous


Avec : Inara Bagirova, Rodolphe Baudouin, Corine Borgnet, Matthieu Boucherit, Katia Bourdarel & Sylvain Ciavaldini, Clara Bryon, Céline Cléron, Léonard Contramestre & Clémence Elman, Bryan Crockett, Jessy Deshais, Elise Morin, Barbara Navi, Prune Nourry, Daniel Nicolaevsky, Jeanne Susplugas, Nicolas Tourte

Interwoven Scape / Shenzhen Art Museum

Avec : Black Void, Elliot Woods, Jeanne Susplugas, Jérémy Griffaud, Kimchi & Chips, Matthew Shreiber, Maurice. Benayoun, Mimi son, Nicolas Tourte, Olga Kisseleva, ORLAN, Paolo Scoppola, Pia MYrvold, SHIMURAbros, Stéphane THIDET, Tony Brown, Yann Minh

Commissariat : QIU Zhijie & Michèle Robine

Mauvaise chute

Mauvaise chute v 7.1 / 2023 / Collection privée

L’escalier est un cadre idéal pour une bonne mauvaise chute. Monter ou descendre, une marche à la fois, regarder où mettre les pieds. En revanche la chute d’eau ralentit la progression, elle s’écoule à contre sens comme une évocation du mythe de Sisyphe ou de l’éternel recommencement. Le mouvement est à la fois dans l’architecture de l’escalier, dans l’écoulement de l’eau qui se répand et dans le pas. Comment ne pas songer au “Nu dans l’escalier“ de Duchamp avec l’idée d’un surgissement possible puisqu’une projection est à l’œuvre. Cet espace a une forte connotation romantique dans l’imaginaire culturel collectif mais face à cette montée des eaux à laquelle l’humanité n’échappera pas, l’impression et le référentiel basculent et bousculent. Cependant la poésie demeure intacte.

Virginie Jux

Game over

GAME OVER Vernissage samedi 4 novembre 2023 à partir de 14h
Ferme du rond chêne / 58 rue du Culot, Tourinnes-La-Grosse 1320
Puis 5 au 26 novembre 2023.
Commissariat : Rohan Graëffly
Avec : Rémi Tamain, Klaus Verscheure, Denmark, Claude Cattelain, Nicolas Tourte, Christine Mawet, Franck Christen, Christian Andersson, Jérôme Considérant

Figurer l’absence

Selon une proposition de Christophe Wlaeminck / Galerie Provost Hacker

Vernissage le jeudi 9 février , à partir de 18h30

Exposition visible du 9 février au 25 mars 2023 au 40 rue Voltaire / Lille

Avec : Martine Aballéa, Katia Bourdarel, Sylvain Ciavaldini, Gaël Davrinche, Raphaël Denis, Nicolas Dhervillers, Léo Dorfner, Vincent Fournier, Hans-Peter Feldmann, Noé N’Guyen, Coline Jules-Gaston, Alain Josseau, David Kowalski, Yosra Mojtahedi, François Réau, Lionel Sabatté, Safarani Sisters, Jeanne Susplugas, Milène Sanchez, Nicolas Tourte, Christos Venetis, Wang Yu

Vessie et lanterne magique

Dans le cadre de notre parcours Les quartiers d’art, Nicolas Tourte était en résidence au centre des arts plastiques le quARTier de Fresnes-sur-Escaut en octobre dernier. A cette occasion, deux œuvres nouvelles furent créées sur place avec un groupe d’habitantes de la commune. A compter du 18 novembre, celles-ci furent exposées pendant un mois au sein d’une large rétrospective consacrée au travail de l’artiste.

C’est une situation que tout le monde a déjà expérimentée. Soudain quelque chose se met à clignoter dans la tête en écho à ce qui vient de s’allumer dans les yeux. Ce « quelque chose » peut être un mot, une expression – pourquoi pas un titre de film ou de chanson -, qui s’impose spontanément à notre esprit à la vue de tout autre chose et qui résonne en nous. De fil en aiguille, voilà qu’idées et images s’enchainent entre elles et que ça se met à raisonner pour de bon. A s’immiscer, à évoquer, à susciter, à provoquer… Bien souvent on laisse filer ou l’on choisit de s’arrêter là, de mettre un terme à l’expérience. Peu nombreux sont ceux qui vont jusqu’à donner forme à ce qui s’apparente à une petite illumination, façon ampoule qui apparaît au dessus de la tête. Nicolas Tourte est de ceux-là.

Lorsqu’il regarde le monde qui l’entoure, comme lorsqu’il l’observe au travers des créations des artistes qui lui sont chers (on peut citer Warhol, Duchamp, Matta-Clark sans risque de trop se tromper), Nicolas Tourte met des mots sur ses impressions, sur ses sensations. Il nomme les choses non pas pour les dire ou les écrire mais pour les penser. Les penser comme le fait un artiste, comme le fait un poète peut-être, c’est-à-dire en images… Bien que manifestement plastique, sa démarche – ou plus simplement sa façon de voir, de faire – relève d’allers-retours sémantiques incessants entre images et mots, entre mots et images, comme en témoigne notamment le soin tout particulier qu’il apporte au choix des titres de ses œuvres.

C’est ainsi en poète-artiste qu’il se montre curieux des expériences et découvertes scientifiques, se penchant tour à tour sur la température de fusion du verre, le fonctionnement de la rétine ou encore les propriétés des trous noirs. Phénomènes physiques, biologiques ou astronomiques le passionnent et déclenchent en lui, par recoupements successifs (marabout, bout de ficelle), des intuitions esthétiques qui finissent par se concrétiser sous la forme d’installations alliant le plus souvent travail du bois et projection vidéo, ou encore diffusions sonores, photomontages et confection d’objets sculpturaux aussi ludiques que de nature à nous questionner sur notre relation à la réalité et à ses usages quotidiens (porte-manteau bicéphale, balais à angle droit, chaises à excroissances, tréteau à fessée…).

L’ensemble ressortit à la fois d’une démarche high-tech et d’une logique ouvertement artisanale, low-tech donc. L’univers de l’artiste témoigne en effet de son amour des matériaux naturels tel que le bois qu’il se plait à sculpter, à façonner, à polir avec grand soin dans la plus pure tradition de la menuiserie (cf. notamment la pièce intitulée « Les promesses de l’ombre »), autant que d’une aisance à manier les outils numériques tels que ceux mis à sa disposition par le FabLab situé au quARTier de Fresnes-sur-Escaut.


Si elle est une des caractéristiques matérielles principales de l’œuvre de Nicolas Tourte, ce curieux attelage d’artisanat et de technophilie joyeuse est également inhérent à son propos. Il y a en effet quelque chose du Georges Méliès des « Voyages à travers l’impossible » dans la volonté de l’artiste de jouer des leurres et autres effets d’optique, non pour nous faire prendre des vessies pour des lanternes mais au contraire pour nous dévoiler ce qu’une simple lanterne peut avoir de proprement magique. Pour le dire autrement, l’œuvre de Nicolas Tourte révèle des pans entiers de notre réalité en même temps qu’elle fait apparaître les moyens mêmes par lesquels elle les donne à voir, lesquels participent pleinement de sa capacité d’enchantement.

Johan GRZELCZYK

Wormholes, 2022

Wormholes, 2022 / Installation vidéo / 3 x 84 cm ø / 3 x 8 minutes
Vue de la seconde édition d’Around video / art fair / Hôtel Moxy _ Lille / 30.09 > 02.10.2022

Décadence, 2022

No shelter, 2022 / Sculpture dans l’espace public

Wall of sound

Avec : Jean-Michel Alberola, Charlie Aubry, Romain Bernini, Vincent Bizien, Léo Dorfner, Daniel Johnston, Elodie Lesourd, Nelly Maurel, Fabienne Radi, Sandra Richard, Sivan L. Rubinstein, David Snug, Nicolas Tourte, Mathieu Weiler, Wesley Lawrence Willis.

Une proposition de Mathieu Weiler
Vernissage Jeudi 02 juin de 18h à 21h30
Exposition du 02 au 12 juin 2022
Fondation La Ruche-Seydoux – 2 passage Dantzig 75015 Paris
Vendredi – Samedi – Dimanche 14h-19h et sur RDV : 06 64 30 65 14

L’exposition WALL OF SOUND explore les liens entre la musique et les arts plas-
tiques.
Le titre vient du son créé par Phil Spector. À l’époque de ses premiers enregis-
trements, il utilise la réverbération des murs pour créer un écho qui immerge
l’auditeur dans une masse sonore.
Il y a deux aspects dans l’expression « wall of sound ». D’un côté : celle du mur
qui évoque le champ des arts visuels et celui du son qui renvoie à la musique à
l’audition.
Chaque artiste de l’exposition crée un terrain d’investigation entre le son et
l’image.

Six lunes, 2021

So burn out

Parcours Parallèle

Musée Guillaume de Rubrouck
Musée Jeanne Devos
Musée de l’Abbé Lemire
Taste Wijn

Un projet porté par Espace 36 en résonance avec les collections de musées de Flandre francophones / Lire le texte de Céline Berchiche : https://www.nicolastourte.net/parcours-parallele-3/

Parcours Parallèle par Céline Berchiche

Les œuvres créées par Nicolas Tourte pour « Parcours Parallèle » à l’issue d’une résidence, ont toutes un lien étroit avec les lieux où elles sont exposées. Elles résonnent avec leur environnement quand elles ne portent pas directement la trace de l’intervention des habitants comme dans Les portraits tournés, portraits des habitants réalisés par eux-mêmes sur des tours à bois, avec un procédé complexe mis au point par l’artiste pour cette exposition.

Le nœud sans fin, œuvre réalisée en bois et reprenant un symbole bouddhiste signifiant, entre autre, le bon augure, réconcilie en une pièce, art, nature et culture, à l’image de ce que fut la vie de Guillaume de Rubrouck. Sur ce nœud sans fin sont projetées des images d’eau en mouvement, dans un cycle ininterrompu auquel se rajoute les incantations enregistrées d’une chamane. L’ensemble produit un effet hypnotique et apaisant. On retrouve cet effet dans Alvéoles, l’oeuvre créée pour la Maison de Jeanne Devos. Dans une structure en bois composée de 42 alvéoles se déplacent -dans chaque alvéole et dans tous les sens- des petits éléments blancs sur un fond noir, tels des poussières d’étoiles. Chaque vie est cloisonnée par les contours hexagonaux sur lesquels ces micro-organismes rebondissent, ces vies étant différentes dans chacune des alvéoles.

Si dans Nœud sans fin et dans Alvéoles, notre œil est invité à suivre les mouvements soit de l’eau soit des micro-particules c’est à une projection mentale et à notre imagination qu’il s’agit de rebondir puisque pour la Maison de l’Abbé Lemire Nicolas Tourte a construit un boomerang monumental : Les promesses de l’ombre. On remarquera la précision et la grande attention prêtées au traitement du bois, un matériau qu’il aime travailler pour son côté brut, accessible, renouvelable et vivant. L’artiste avec facétie se plaît à imaginer la machine qui pourrait l’envoyer en l’air puisque ce boomerang est techniquement capable de voler. Là encore il s’agit de mouvement et de déplacement en l’occurrence ici une référence aux soldats australiens venus combattre en France et dont les familles échangèrent avec l’Abbé Lemire.

Le mouvement c’est le temps, l’artiste est très sensible aux cycles ; de vie, de l’eau, de la nature. Enfant déjà il s’intéressait aux insectes, à la gemmologie, la géologie, il voulait comprendre comment cela fonctionnait et où était sa place. « Ce que je fabrique m’aide à avancer dans ce chemin qui mêle sciences et matériaux qui gardent l’empreinte du passé organique et géologique » confia Nicolas Tourte. De fait son œuvre interroge notre façon d’être au monde, de l’habiter, d’influer sur lui. Quelles sont, quelles seront les traces que nous laisserons ? L’art est une possible réponse car il permet d’entrevoir différents mondes, chaque œuvre étant un monde en soi. Il rend actif, à l’instar de l’Ultime soutien réalisée également pour la Maison de L’Abbé Lemire, une œuvre dont nous pouvons faire le tour pour voir tous les mondes. Table lumineuse sur laquelle se reflètent des images du ciel et d’où jaillit une volumineuse souche d’arbre. La souche donne l’impression d’être là depuis toujours et qu’elle pourrait y rester pour l’éternité, n’oublions pas qu’en biologie la « souche » est la naissance d’un monde.

Comme le point d’orgue de l’exposition et reprenant les thèmes chers à l’artiste, Lacrimae, l’œuvre exposée à la Confrérie des Compagnons du vin de Flandre a la forme d’un cercle symbole d’unité et d’universel. Sur ce cercle sont projetées des images du ciel et à sa surface coulent lentement, presque mélancoliquement deux gouttes. Réflexion sur notre monde ? Interrogation métaphysique, nul ne sait, l’œuvre s’intitule Lacrimae.

Céline Berchiche.

On reprendra des couleurs

Exposition collective à la Maison des arts Rosa Bonheur / Chevilly-Larue
du 12 juin au 7 juillet  2021. Vernissage le 12 juin à 17h

Avec : Alice Raymond, Barbara Portailler, Laurent Gongora et Nicolas Tourte.

Commissariat : Fabienne Leloup

Memory from the future

Au-delà des nues, Paraciel de Nicolas Tourte

Vaporeux, cotonneux, ouaté, molletonné, absorbant, aérien, doux, le champ lexical du coton pourrait être le même que celui du nuage rien donc d’étonnant à ce que Paraciel, œuvre de Nicolas Tourte soit installée dans la salle de la machine à vapeur au sein de l’exposition « Coton, dissonances artistiques ». Le nuage est par essence instable et insubstanciable, pourtant au XXIème siècle beaucoup d’artistes ont voulu le capturer, le mettre en boîte, reproduisant même ses conditions d’apparition. Face à ces œuvres où le nuage est sujet, force est de constater qu’il continue d’exercer la même fascination que chez les artistes de la Renaissance ou du XIXème siècle. La place du nuage dans l’histoire de l’art occidental est complexe car sa fonction varie selon les époques, c’est pourquoi nul ne saurait dire quelle est la fonction des nuages de Nicolas Tourte ; les interprétations sont libres. Dans Paraciel, des nuages en mouvement sont projetés sur un parapluie posé à même le sol, le tissu du parapluie sert d’écran et de toile. Un parapluie protège de la pluie, un paratonnerre du tonnerre, de quoi protège Paraciel ? Est-ce pour éviter que le ciel nous tombe sur la tête que
Nicolas Tourte a construit un Paraciel ? La chute du ciel, réfère à la cosmogonie celtique où la voûte céleste est soutenue par des colonnes – ainsi qu’aux mythologies nordiques notamment au Ragnarök germanique. Le nuage est plastique, il varie et n’est jamais le même, symbole de douceur cotonneux et ouaté, il peut aussi être inquiétant, suspect, angoissant, ses contours pouvant se dissoudre jusqu’à totale évaporation c’est-à-dire
disparition. N’est-ce pas alors notre finitude que Nicolas Tourte interroge par/avec ce Paraciel ?
Dimension eschatologique chez les Celtes, dimension spirituelle et sacrée pour les
hommes de la Renaissance, quelle dimension cette représentation revêt-elle pour nous aujourd’hui ? Dans une de ses installations, Homo Disparitus, il fallait lever la tête vers un oculus de la Renaissance pour voir apparaître, par un trou dans un plafond effondré, le ciel et ses nuages. Dans Paraciel, le parapluie est échoué au sol, il nous faut baisser la tête, à l’ère de l’anthropocène, la chute est-elle déjà là ? Peut-être mais Paraciel nous
protège, il y a de l’espoir, c’est là sa poésie.

Céline Berchiche






Céline Berchiche
Docteur en histoire de l’art




Délice de Nicolas Tourte

Une sculpture pour un parc à Chevilly Larue, une forme simple pour évoquer un enjeu actuel

Cette sculpture pour un parc à Chevilly Larue s’inscrit dans une dynamique de commandes publiques d’œuvres qui deviennent des marqueurs du paysage urbain tout en portant un message. Nicolas Tourte offre aux habitants et riverains une pièce qui à la fois s’inscrit comme point d’intérêt dans un parc pour être contemplée de loin et dont l’aspect se modifie selon le contexte météorologique.

Chevilly Larue est une des villes qui accorde une grande importance à l’Agenda 21 [1]. Dans le cadre de sa politique engagée en faveur du développement durable, avec notamment l’objectif n°8 de ce programme « Faire de l’espace public un lieu de vie, de rencontre, et de nature » et en s’appuyant sur la fiche action n°16 « Créer des zones artistiques dans les rues », la commune a proposé un appel à projet à destination des artistes intitulé « L’empreinte écologique de l’art ». Ils étaient invités à répondre à celui-ci en proposant une œuvre dont l’enjeu était d’inciter un changement de regard sur le changement climatique tout en utilisant des matériaux écologiques et durables. Nicolas Tourte, le lauréat, y trouve l’occasion de poursuivre son exploration artistique de la ville à la suite de la création de son installation in situ pour l’exposition « Métamorphoses du quotidien » à la Maison des arts plastiques Rosa Bonheur [2]. Il avait installé une sculpture-architecture qui prenait appui sur une fenêtre-hublot de l’espace d’exposition. Celle-ci créait à la fois un point de vue telle une jumelle sur l’extérieur et était support à une projection vidéo cyclique nous emmenant vers un univers cosmique.

Le cercle et les notions de cycle et d’infini caractérisent l’ensemble de sa pratique artistique. Nicolas Tourte voit dans la forme circulaire un symbole du temps et de la vie comme éternel recommencement. Sa sculpture Délice a pour origine son enquête du site proposé par la ville et une attention envers la circulation du regard du visiteur et promeneur. Elle est visible de loin et nous invite à descendre dans le parc et à continuer la balade.

L’artiste a choisi l’acier corten, un matériau entièrement recyclable à l’infini et durable dans le temps. Si son œuvre paraît forte et comme un signal, elle est en devenir. Située volontairement dans un bassin de rétention d’eau, elle n’est complète qu’une fois inondée. Un miroir d’eau accueillera ses reflets durant certaines périodes de l’année. Telle une roue, elle fait écho à l’éternel retour à la terre. Nous individus, nous ne faisons que passer. Délice évoque à la fois une boucle temporelle et le caractère éphémère de nos vies. Les flèches en creux suggèrent un futur proche et nous mettent en garde contre les effets des bouleversements climatiques. Celles-ci indiquent également des directions à suivre allant dans un sens infini. N’y-a-t-il pas là l’image d’un changement qui n’en finit pas et d’un processus naturel, un renouveau perpétuel ? Cette œuvre combine à la fois l’idée du jeu et celle d’une action qui ne s’arrête jamais. Elle contient des références multiples qui nécessitent qu’on s’y intéresse pour les découvrir.

Cette sculpture s’inscrit dans une dynamique de commandes publiques d’œuvres qui deviennent des marqueurs du paysage urbain tout en portant un message. Nicolas Tourte offre aux habitants et riverains une pièce qui à la fois s’inscrit comme point d’intérêt dans un parc pour être contemplée de loin et dont l’aspect se modifie selon le contexte météorologique. Elle met en évidence les variations du temps et ce que certaines conditions climatiques produisent sur notre environnement. Elle parle d’une problématique qui nous touche tout en nous laissant libres d’y voir d’autres histoires. Tel serait le rôle de l’art, nous convier à une expérience sensible et faire naître des réflexions. L’artiste a su tirer parti des contraintes de l’appel à projet pour faire naître cette forme qui poursuit ses recherches esthétiques et plastiques. Les habitants se sont déjà appropriés cette œuvre que l’on attend maintenant découvrir sous un autre jour.

Article de Pauline Lisowski pour TK21:
https://www.tk-21.com/Delice-de-Nicolas-Tourte

Notes

[1] Un programme local d’actions en faveur du développement durable.

[2] Exposition collective à la Maison de arts plastiques Rosa Bonheur avec les artistes
Nicolas Tourte \ Julie Legrand \ Laurence Nicola \ Marie Denis \ Hélène Muheim \ Eudes Menichetti \ Angèle Guerre \ Éloïse Van der Heyden \ Katia Bourdarel \ Laurent Debraux \ Laurent Pernot \ Laure Tixier \ Carolein Smit \ Amandine Gollé \ Lionel Sabatté \ Laurence Gossart \ Luc Doerflinger \ Yves Helbert \ Maylis Turtaut, Commissariat : Pauline Lisowski avec la collaboration de Fabienne Leloup. Collaboration artistique : Marie Denis, du 6 mars au 11 avril 2020 puis du 7 septembre au 3 octobre 2020.

Délice, 2020 Édition 10 ex. + 2 E.A.

Délice, 2020 / 500,00 €

Sculpture acier, découpe laser
Dimensions : ø 32 cm / 16 cm
Poids : 4kg / 7kg avec boite
Édition 10 ex. + 2 E.A.
Frais de livraison à partir de 21,00 €

Exposition Paysages au Puzzle, Thionville

Imgage ci-dessus : Paraciels, 2009 / 2020

Du 24 Sept. 2020 au 07 Nov. 2020

PAYSAGES
Une co-production Puzzle & Centre Jacques Brel
Du 24 septembre au 7 novembre 2020

L’Homme face à la Nature, entretient un lien ambigu entre volonté de contrôle, d’éloignement, mais aussi un besoin de ressourcement et de connexion. La Nature devient paysage par le regard que portent les historiens, les agriculteurs, les urbanistes, les artistes… Dans l’Art, la diversité des approches induit une variété de définitions. Qu’il soit réaliste ou imaginaire, le paysage est comme un territoire mental d’espérance, un appel à la contemplation et à la prise de recul sur notre rapport à l’environnement.
L’exposition propose un point de vue partant des maîtres de l’estampe de paysage, en passant par les plasticiens jusqu’aux artistes numériques.

Avec : Jérémie Bellot – Hicham Berrada – Thibault Brunet – François Génot
Hiroshige « Collection Georges Leskowicz » – Olivier Masmonteil – Collectif Onformative
Nicolas Tourte – Noël Varoqui – Kris Verdonck

Du mardi au samedi et dimanche 4 octobre – 14h à 18h
Salle blanche, salle noire, bulle du forum, caverne, espace Weisbuch
Visites découverte les matins sur RDV – 03 82 56 12 43
Entrée libre

Installation de Délice, œuvre dans l’espace public

delice

Installation de Délice, œuvre dans l’espace public …
Délice 2020, Acier corten Dimensions : ø 200 cm / 100 cm
Installation promenade Maurice Chevalier / Chevilly Larue.Nicolas Tourte, lauréat de l’appel à projet « l’empreinte écologique de l’art »

Lupanar, 2015

nicolas_tourte_lupanar_v3_2018_by_duby64

Installation vidéo
Structure bois et projections vidéo
Dimensions variables

Production : Station Mir / Interstice
Vue de l’exposition Medio Acqua en octobre 2018 à la base sous-marine de Bordeaux
Photo : duby64