Au-delà des nues, Paraciel de Nicolas Tourte

Vaporeux, cotonneux, ouaté, molletonné, absorbant, aérien, doux, le champ lexical du coton pourrait être le même que celui du nuage rien donc d’étonnant à ce que Paraciel, œuvre de Nicolas Tourte soit installée dans la salle de la machine à vapeur au sein de l’exposition « Coton, dissonances artistiques ». Le nuage est par essence instable et insubstanciable, pourtant au XXIème siècle beaucoup d’artistes ont voulu le capturer, le mettre en boîte, reproduisant même ses conditions d’apparition. Face à ces œuvres où le nuage est sujet, force est de constater qu’il continue d’exercer la même fascination que chez les artistes de la Renaissance ou du XIXème siècle. La place du nuage dans l’histoire de l’art occidental est complexe car sa fonction varie selon les époques, c’est pourquoi nul ne saurait dire quelle est la fonction des nuages de Nicolas Tourte ; les interprétations sont libres. Dans Paraciel, des nuages en mouvement sont projetés sur un parapluie posé à même le sol, le tissu du parapluie sert d’écran et de toile. Un parapluie protège de la pluie, un paratonnerre du tonnerre, de quoi protège Paraciel ? Est-ce pour éviter que le ciel nous tombe sur la tête que
Nicolas Tourte a construit un Paraciel ? La chute du ciel, réfère à la cosmogonie celtique où la voûte céleste est soutenue par des colonnes – ainsi qu’aux mythologies nordiques notamment au Ragnarök germanique. Le nuage est plastique, il varie et n’est jamais le même, symbole de douceur cotonneux et ouaté, il peut aussi être inquiétant, suspect, angoissant, ses contours pouvant se dissoudre jusqu’à totale évaporation c’est-à-dire
disparition. N’est-ce pas alors notre finitude que Nicolas Tourte interroge par/avec ce Paraciel ?
Dimension eschatologique chez les Celtes, dimension spirituelle et sacrée pour les
hommes de la Renaissance, quelle dimension cette représentation revêt-elle pour nous aujourd’hui ? Dans une de ses installations, Homo Disparitus, il fallait lever la tête vers un oculus de la Renaissance pour voir apparaître, par un trou dans un plafond effondré, le ciel et ses nuages. Dans Paraciel, le parapluie est échoué au sol, il nous faut baisser la tête, à l’ère de l’anthropocène, la chute est-elle déjà là ? Peut-être mais Paraciel nous
protège, il y a de l’espoir, c’est là sa poésie.

Céline Berchiche






Céline Berchiche
Docteur en histoire de l’art




Délice de Nicolas Tourte

Une sculpture pour un parc à Chevilly Larue, une forme simple pour évoquer un enjeu actuel

Cette sculpture pour un parc à Chevilly Larue s’inscrit dans une dynamique de commandes publiques d’œuvres qui deviennent des marqueurs du paysage urbain tout en portant un message. Nicolas Tourte offre aux habitants et riverains une pièce qui à la fois s’inscrit comme point d’intérêt dans un parc pour être contemplée de loin et dont l’aspect se modifie selon le contexte météorologique.

Chevilly Larue est une des villes qui accorde une grande importance à l’Agenda 21 [1]. Dans le cadre de sa politique engagée en faveur du développement durable, avec notamment l’objectif n°8 de ce programme « Faire de l’espace public un lieu de vie, de rencontre, et de nature » et en s’appuyant sur la fiche action n°16 « Créer des zones artistiques dans les rues », la commune a proposé un appel à projet à destination des artistes intitulé « L’empreinte écologique de l’art ». Ils étaient invités à répondre à celui-ci en proposant une œuvre dont l’enjeu était d’inciter un changement de regard sur le changement climatique tout en utilisant des matériaux écologiques et durables. Nicolas Tourte, le lauréat, y trouve l’occasion de poursuivre son exploration artistique de la ville à la suite de la création de son installation in situ pour l’exposition « Métamorphoses du quotidien » à la Maison des arts plastiques Rosa Bonheur [2]. Il avait installé une sculpture-architecture qui prenait appui sur une fenêtre-hublot de l’espace d’exposition. Celle-ci créait à la fois un point de vue telle une jumelle sur l’extérieur et était support à une projection vidéo cyclique nous emmenant vers un univers cosmique.

Le cercle et les notions de cycle et d’infini caractérisent l’ensemble de sa pratique artistique. Nicolas Tourte voit dans la forme circulaire un symbole du temps et de la vie comme éternel recommencement. Sa sculpture Délice a pour origine son enquête du site proposé par la ville et une attention envers la circulation du regard du visiteur et promeneur. Elle est visible de loin et nous invite à descendre dans le parc et à continuer la balade.

L’artiste a choisi l’acier corten, un matériau entièrement recyclable à l’infini et durable dans le temps. Si son œuvre paraît forte et comme un signal, elle est en devenir. Située volontairement dans un bassin de rétention d’eau, elle n’est complète qu’une fois inondée. Un miroir d’eau accueillera ses reflets durant certaines périodes de l’année. Telle une roue, elle fait écho à l’éternel retour à la terre. Nous individus, nous ne faisons que passer. Délice évoque à la fois une boucle temporelle et le caractère éphémère de nos vies. Les flèches en creux suggèrent un futur proche et nous mettent en garde contre les effets des bouleversements climatiques. Celles-ci indiquent également des directions à suivre allant dans un sens infini. N’y-a-t-il pas là l’image d’un changement qui n’en finit pas et d’un processus naturel, un renouveau perpétuel ? Cette œuvre combine à la fois l’idée du jeu et celle d’une action qui ne s’arrête jamais. Elle contient des références multiples qui nécessitent qu’on s’y intéresse pour les découvrir.

Cette sculpture s’inscrit dans une dynamique de commandes publiques d’œuvres qui deviennent des marqueurs du paysage urbain tout en portant un message. Nicolas Tourte offre aux habitants et riverains une pièce qui à la fois s’inscrit comme point d’intérêt dans un parc pour être contemplée de loin et dont l’aspect se modifie selon le contexte météorologique. Elle met en évidence les variations du temps et ce que certaines conditions climatiques produisent sur notre environnement. Elle parle d’une problématique qui nous touche tout en nous laissant libres d’y voir d’autres histoires. Tel serait le rôle de l’art, nous convier à une expérience sensible et faire naître des réflexions. L’artiste a su tirer parti des contraintes de l’appel à projet pour faire naître cette forme qui poursuit ses recherches esthétiques et plastiques. Les habitants se sont déjà appropriés cette œuvre que l’on attend maintenant découvrir sous un autre jour.

Article de Pauline Lisowski pour TK21:
https://www.tk-21.com/Delice-de-Nicolas-Tourte

Notes

[1] Un programme local d’actions en faveur du développement durable.

[2] Exposition collective à la Maison de arts plastiques Rosa Bonheur avec les artistes
Nicolas Tourte \ Julie Legrand \ Laurence Nicola \ Marie Denis \ Hélène Muheim \ Eudes Menichetti \ Angèle Guerre \ Éloïse Van der Heyden \ Katia Bourdarel \ Laurent Debraux \ Laurent Pernot \ Laure Tixier \ Carolein Smit \ Amandine Gollé \ Lionel Sabatté \ Laurence Gossart \ Luc Doerflinger \ Yves Helbert \ Maylis Turtaut, Commissariat : Pauline Lisowski avec la collaboration de Fabienne Leloup. Collaboration artistique : Marie Denis, du 6 mars au 11 avril 2020 puis du 7 septembre au 3 octobre 2020.

Délice, 2020 Édition 10 ex. + 2 E.A.

Délice, 2020 / 500,00 €

Sculpture acier, découpe laser
Dimensions : ø 32 cm / 16 cm
Poids : 4kg / 7kg avec boite
Édition 10 ex. + 2 E.A.
Frais de livraison à partir de 21,00 €

Exposition Paysages au Puzzle, Thionville

Imgage ci-dessus : Paraciels, 2009 / 2020

Du 24 Sept. 2020 au 07 Nov. 2020

PAYSAGES
Une co-production Puzzle & Centre Jacques Brel
Du 24 septembre au 7 novembre 2020

L’Homme face à la Nature, entretient un lien ambigu entre volonté de contrôle, d’éloignement, mais aussi un besoin de ressourcement et de connexion. La Nature devient paysage par le regard que portent les historiens, les agriculteurs, les urbanistes, les artistes… Dans l’Art, la diversité des approches induit une variété de définitions. Qu’il soit réaliste ou imaginaire, le paysage est comme un territoire mental d’espérance, un appel à la contemplation et à la prise de recul sur notre rapport à l’environnement.
L’exposition propose un point de vue partant des maîtres de l’estampe de paysage, en passant par les plasticiens jusqu’aux artistes numériques.

Avec : Jérémie Bellot – Hicham Berrada – Thibault Brunet – François Génot
Hiroshige « Collection Georges Leskowicz » – Olivier Masmonteil – Collectif Onformative
Nicolas Tourte – Noël Varoqui – Kris Verdonck

Du mardi au samedi et dimanche 4 octobre – 14h à 18h
Salle blanche, salle noire, bulle du forum, caverne, espace Weisbuch
Visites découverte les matins sur RDV – 03 82 56 12 43
Entrée libre

Installation de Délice, œuvre dans l’espace public

delice

Installation de Délice, œuvre dans l’espace public …
Délice 2020, Acier corten Dimensions : ø 200 cm / 100 cm
Installation promenade Maurice Chevalier / Chevilly Larue.Nicolas Tourte, lauréat de l’appel à projet « l’empreinte écologique de l’art »

Lupanar, 2015

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Installation vidéo
Structure bois et projections vidéo
Dimensions variables

Production : Station Mir / Interstice
Vue de l’exposition Medio Acqua en octobre 2018 à la base sous-marine de Bordeaux
Photo : duby64

Botidea aquafolium, 2017

nicolas_tourte_botidea_aquafolium

Vidéo 1080p
Production : Château d’Hardelot

Coriolis Infinitus, 2019 / Sérigraphie 44 exemplaire

nicolas_tourte_coriolis_infinitus_2020Coriolis Infinitus, l’œil du Tibre, 2019
Édition La Belle Époque [arts contemporains]
50 x 50 cm
Papier Fabriano Rosaspina 220g
44 exemplaires
100,00 €

Au nord du futur, 2019

Installation vidéo
Dimensions : 400 /180 /60 cm
Bois et acier, projection vidéo, son

Production : Station Mir / Interstice
Vue de l’exposition Au nord du futur en mai 2019 au 102 ter, Caen, lors du festival Interstice #14
Design sonore :  Olivier Classe

Infundibulum 2020

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Bois et matériaux divers, projection vidéo
Dimensions : 250 / 360 / 400 cm

Vue de l’exposition Métamorphose du quotidien, Maison de Arts Rosa Bonheur, Chevilly-Larue

Métamorphose du quotidien, Maison des arts Rosa Bonheur


Infundibulum, 2020

Matériaux divers & projection vidéo
Dimensions 360 cm / 250 cm / 400 cm

Exposition visible du 6 mars au 11 avril 2020
Maison des arts plastiques Rosa Bonheur
34 rue Henri Cretté, 94550 Chevilly-Larue

Avec : Nicolas Tourte – Julie Legrand – Laurence Nicola – Marie Denis – Hélène Muheim – Eudes Menichetti – Angèle Guerre
– Eloise Van der Heyden – Katia Bourdarel – Laurent Debraux – Laurent Pernot – Laure Tixier – Carolein Smit – Amandine Gollé – Lionel Sabatté – Laurence Annie Gossart – Luc Doerflinger – Yves Helbert – Maylis Turtaut.

Vernissage 6 mars 2020 de 18:30 à 21:30

Commissariat : Pauline Lisowski, en collaboration avec Fabienne Leloup.

Ellipses, 2019 > Videoformes 2020

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Paradigma

Nicolas Tourte est un bricoleur de rêve qui mélange sculpture et vidéo. Un travail protéiforme qui explore à sa manière le merveilleux du réel, le fantasme des forces naturelles. Rapport à la nature qui joue, à mon sens,  de notre impossibilité à nous sentir en  symbiose avec elle. Ici elle est clairement intouchable pour l’humain qui reste derrière la vitre de sa culture et qui la regarde avec distance. Par habitude l’homme contemple le réel et la nature, entre solitude et plénitude. C’est par le truchement technique et la ré-interprétation de ces sensations « naturelles » que Nicolas Tourte invente des structures sensibles; Jouant à la fois de la simplicité formelle et de la complexité aléatoire des forces physiques telles que les nuages,  les ciels, la pluie, les rivières. Les flux hydrométriques se lient superbement aux flux vidéo tout en étant  confinés dans des structures sobres et fermées. L’exposition PARADIGMA se construit autour de la pièce Au nord du futur (2019), qui joue de l’eau, du bois et de sons qui résonnent de la pièce elle-même.

David Ritzinger, 2019.

(Texte écrit pour l’exposition Paradigma en septembre 2019 à La Belle Époque [Arts contemporains])

Plein vent / Halle aux sucres _ Dunkerque / Curator : COAL


Exposition « Plein vent »

Commissariat COAL
19 octobre 2019 – 13 septembre 2020

Halle aux Sucres _ Dunkerque

Avec : Bernard Moninot, David Bowen, Hugo Deverchère, Jad El Khoury, Laurie Anderson, Li Wei, Marie-Dominique Douret d’Hour, Nicolas Tourte, Paléo Energétique, Pauline Delwaulle et Sébastien Cabour, Ronan le Creurer, Stéphane Thidet, Yesenia Thibault Picazo et Anaïs Tondeur

Lame de fond, 2018

Nicolas Tourte, Lame de fond

Installation
Dimensions variables
Bois et dispositif sonore

Vue de Daily+/ Greater Taipei Biennial of Contemporary Arts, Taipei, Taiwan
Production :  NTUA

PARADIGMA

paradigma nicolas tourte à l'isolée

La Belle Époque [Arts Contemporains]

Nicolas Tourte PARADIGMA

Vernissage  le vendredi 13 septembre 2019 de 17h à 21h à L’isolée
17, Chemin des Vieux Arbres – 59491 Villeneuve d’Ascq.

L’exposition est visible du 14 septembre au 12 octobre le mercredi, vendredi et samedi de 15h à 18h30, ainsi que sur rendez-vous :
06.09.96.71.47
labelle.epoque@free.fr
www.galerie-belleepoque.fr

10 ans d’utopie

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Afin de célébrer son dixième anniversaire,
l’Usine Utopik profite d’une carte blanche donnée par la Région Normandie pour mettre à l’honneur au sein de l’Abbaye-aux-Dames,
la créativité, le savoir-faire et la sensibilité de vingt artistes reçus en résidence à l’Usine Utopik durant ces 10 ans.

Du 8 juillet au 22 septembre
Entrée libre tous les jours de 14h à 18h

Abbaye-aux-Dames
Place Reine Mathilde
14 000 Caen

Avec :

François Andes et Caroline Lestienne,Ssimon Augade, Cécile Beau, Hugo bel ,Virgile Debar, Nicolas Desverronnières, Romuald Dumas Jandolo, Elsa-r, Laëtitia Férard, Régis Gonzalez, Médéric Jeanne, Nicolas Koch, Caroline le Méhauté, Guillaume le Moine, Romain Lepage, Frédérique Metzger, Laurence Nicola, Jean Charles Rémicourt Marie, Nicolas Tourte, Dae-Won Yang

Témoin, 2019 / Hydra / HYam

témoin, 2019

Témoin, 2019 / Installation vidéo
Un projet initié par HYam

Plus d’infos : https://www.hyam.fr

DA DA S EIN

Au nord du futur, 2019 / Interstice#14

Au nord du futur, 2019
Dispositif sonore et vidéo. Structure bois & acier.
Dimensions: 500/140/60 cm
Vues de l’installation au 102 ter lors d’Interstice #14 / Caen


Remerciements :
Station Mir, production
Olivier Classe, sound design

Insterstice #14

Plus d’infos : https://festival-interstice.net/

Greater Taipei Biennale / Quotidien +

Charles CARCOPINO, Pierre-Laurent CASSIÈRE, Man-Nung CHOU, Claude CLOSKY, Jeff DESOM, Félicie d’ESTIENNE d’ORVES, Dorian GAUDIN, Youki HIRAKAWA , Chih-Sheng LAI, Emmanuelle LAINÉ & Benjamin VALENZA, Ho-Jang LIU, Bernd OPPL, Olivier PASQUET, Julien PRÉVIEUX, Stéphane THIDET, Nicolas TOURTE, Wan-Shuen TSAI, Island’s time group

Medio Acqua / Base sous-marine, Bordeaux

lupanar de nicolas tourte est une installation vidéo monumentale produite par Interstice / Station Mir en 2015

MEDIO ACQUA / Base sous-marine, Bordeaux

Vernissage le 25 octobre à partir de 18h
Du 26 octobre 2018 au 6 janvier 2019
Commissariat : Renato Casciani

Avec : Giovanni Ozzola, Bruno Peinado, Enrique Ramirez, Pierre Malphettes, Celeste Boursier-Mougenot, Dewar et Gicquel, Fanny Paldacci, Angela Detanico et Rafael Lain, Alessandro Sciaraffa, Nicolas Tourte, Laurent Pernot, Nicolas Tourte, Emile Brout et Maxime Marion, Mathilde Lavenne, Linda Sanchez, Shirley Bruno, Laurent Valera,  Claude Cattelain

D’avance à rebour / Palais abbatial de Saint-Hubert / Belgique

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D’avance à rebour / Palais abbatial de Saint-Hubert / Belgique
Du 13 juillet au 14 octobre 2018 Palais abbatial de Saint-Hubert.

Avec : Jean-Paul Couvert, Edmond Dauchot, Pierre Fraenkel, Rohan Graeffly, Stéphane Kozik,
Christine Mawet, Carole Melchior, Daniel Michiels, Gauthier Pierson,
Charles-Henry Sommellette, Rémi Tamain, Nicolas Tourte , Hugues Vanhoutte

Naturellement / Texte de Bernard Lallemand pour l’exposition Earth wind & fire à l’espace Frontière$

Naturellement

En 1960 le peintre Yves Klein et le critique d’art Pierre Restany fondent le mouvement des « nouveaux réalistes » qui conduit les artistes à abandonner la représentation de la réalité pour la réalité elle-même comme matériau. Dans ce groupe on trouvait Arman, César, Martial Raysse, Raymond Hains, Daniel Spoerri, Jean Tinguely, Jacques Villeglé …

A la même époque (1968) un autre mouvement de grande ampleur se développe. Il concerne la nature comme matériau. Les artistes du « Land Art » abandonnent la représentation pour travailler directement avec des matériaux naturels comme la neige (Dennys Oppenheim), la terre (Robert Smithson), la foudre (Walter de Maria), les pierres (Richard Long), les feuilles (Nils Udo), le bois et les pierres (Andy Goldworthy). Leurs installations étaient réalisées sur les lieux-mêmes où se situaient les matériaux, c’est à dire en pleine nature. Bien sûr, par leur spécificité, ces œuvres se voulaient éphémères.

Les artistes souhaitaient quitter les musées et les galeries afin de véritablement sortir des sentiers battus . L’œuvre doit être une véritable expérience liée au monde réel et non plus une valeur marchande vouée à une élite.

Par la suite certains artistes du Land Art intégrèrent les musées et les galeries. C’est le cas de Richard Long et Wolfgang Laib (pollen et lait).

Avec le recul, on peut penser que ces artistes eurent une intuition artistique de l’écologie.

Pour Nicolas Tourte, qui appartient à une génération où les protocoles du Land Art n’ont plus court, l’intérêt pour la nature est indéniable. Il s’inscrit dans un mode opératoire « post moderne » constitué par une hybridation des médiums : l’association objets/vidéos ou sculptures/installations intégrant des vidéos.

On trouve des traces de ces hybridations chez les artistes de l’exposition «Photography into Sculpture» au Moma de New-York en 1970 et plus récemment dans « L’image dans la sculpture » au Centre Pompidou en 2013.

Bien qu’intégrant des processus esthétiques ou formels, l’intérêt du travail de Nicolas Tourte se trouve ailleurs. Il se situe dans sa posture chamanique.

A partir d’œuvres symboliques et spirituelles, il réunit les choses au lieu de les séparer. Comme chez les amérindiens, pour qui la vénération de la nature occupait une place primordiale dans la vie spirituelle.

Plutôt qu’une vision écologiste engagée politiquement comme celle de Joseph Beuys (1), nous pourrions ici parler d’une sensibilité cosmique et moléculaire. Mais c’est l’aura poétique qui entoure les réalisations de Nicolas Tourte qui leur donne leur dimension spirituelle.

Earth, wind & fire est le titre générique donné par l’artiste à cette exposition. Au-delà du clin d’œil au groupe disco-funk de Chicago des années 70, il s’agit d’un parcours énigmatique et sensible auquel nous sommes conviés. L’artiste met en relation plusieurs de ses œuvres comme autant d’éléments qui s’avèrent être en réalité des leurres visuels, des illusions d’optique.

Parmi eux : « Contre-temps totémique » un totem dont les ailes sont remplacées avec humour par des plumes fixées à des mandrins. Elles tournent sur elles-mêmes de façon aléatoire et finissent par simuler l’envol. « Eau noire » : dans un coffret de bois ancien, nous apercevons des strates creusées comme la maquette d’une mine à ciel ouvert ou celle de fouilles archéologiques qui laissent apparaître le mouvement fascinant d’une eau noire et profonde comme le charbon. Sur le côté du coffret sont disposées quelques pierres. On pense à la mallette d’un géologue de l’époque anthropocène (2) oubliée au fond d’un grenier. « Paraciel » : les parapluies, objets usuels qui d’ordinaire nous protègent de la pluie ou parfois du soleil, reflètent l’image d’un ciel bleu dans lequel défilent des nuages et semblent ici avoir capturé le ciel tout entier. « Sun light » : il ne s’agit pas de la lumière du soleil comme son nom l’indique mais d’un goutte à goutte, aux couleurs saturées qui nous apparaît comme appartenant au monde organique. En fait il est d’origine minéral. L’« Épicentre étalon » : sur une poutre on distingue une sorte de paysage volcanique sculpté à même le bois. En réalité il s’agit d’une barre d’attache pour chevaux creusée par leurs dents.

Bernard Lallemand

(1) Joseph Beuys (1921-1986) Artiste mythique de scène artistique des années 70. Né en 1921 en Allemagne.

Son œuvre, à la fois symbolique et autobiographique, s’inspire directement des épisodes de sa vie. Il invente une œuvre d’art totale incluant sa vie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il est enrôlé comme pilote dans l’armée de l’air allemande. Son avion s’écrase en Crimée. Recueilli par des nomades Tartares qui lui donnent du miel en guise de nourriture, il revient à la vie, recouvert de graisse et enroulé dans des couvertures de feutre. Cette expérience marquera son œuvre : on retrouve chez Beuys l’utilisation de feutre gris, parfois marqué d’une croix rouge, symbole de la souffrance. Également l’utilisation de la graisse, du miel, parfois du sang ou encore du soufre.

Beuys donnera à ses actions une dimension symbolique chamanique en lien avec son expériences de guérison, Il avait d’ailleurs entrepris des études de médecine avant la guerre. Il aspire au changement et il compte l’exprimer dans son art, mais surtout il entend à ce que son art participe au changement de la société. Dans sa célèbre performance I like America and America likes me (1974), Beuys partage pendant trois jours l’espace de la galerie new-yorkaise de René Block avec un représentant des tout premiers habitants d’Amérique du Nord : un coyote.

Il y a une pensée chamanique dans ce changement, qui est aussi, pour Beuys, ce qu’il nomme une « régénération ».

Beuys fût très engagé au service de l’écologie politique, à la Documenta 7 et réalise le projet 7000 chênes qui consistait à inviter les gens à planter sept mille chênes sur le territoire planétaire. Il participera à la création du mouvement « vert » allemand.

(2) Terme inventé par Paul Crutzen, météorologue et chimiste de l’atmosphère (Prix Nobel de chimie en 1995), l’Antropocène est l’idée que la planète Terre serait entrée dans une nouvelle ère, une nouvelle époque géologique définie par l’action de l’Homme. A noter également à ce sujet l’exposition « Crash test » à La Panacée de Montpellier en 2018, organisée par Nicolas Bourriaud.

Maisons folles #6 / Art house project

Je ne sais pas, 2018 installation vidéo

 

Maisons folles #6 / Art house project
Du 6 au 8 avril 2018

Ronchin / Quartier des Fleurs

Hugo KOSTRZEWA, Adéle DUPRET, Philémon VANORLE, Amélie VIDGRAIN, Nicolas CABOS, Sylvain DUBRUNFAUT, Laura GOURMEL, Alexis NIVELLE,
Ayako DAVID KAWAUCHI, Camille GALLARD, André DERAINNE, Sophie DEJONGHE, Sophie VAUPRE, Frédéric NGUY, Pauline VACHON, Nicolas TOURTE, Julien BOUCQ

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Organ_icon // Exposition collective

Bureau d’Art et de Recherches / PPGM –  Roubaix
Du 9 mars au 15 mai 2018

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Avec : Franck Ancel, David Ayoun, Pascal Bernier, Joachim Biehler, Corine Borgnet, Emilie Breux, Greig Burgoyne, Antoine Caruel, Claude Cattelain, Olivier Classe, Sandy Cloupeau, Arnaud Cohen, Gilbert Coqalane, Claudie Dadu, Wim Delvoye, Marie Noëlle Deverre, David Droubaix, Aurélie Dubois, Romuald Dumas-Dandolo, Evor, Juliette Feck, Laure Foret, Francine Flandrin, Guillaume Fouchaux, Bertrand Gadenne, Rohan Graëffly, Æmor Houidé, Joël Hubaut, Cécile Hug, Virginie Jux, Agapanthe : Konné & Mulliez, Pham Kieu Trinh, Catherine Larré, Bernard Lallemand, David Leleu, Sylvain Paris, Anne Paris, Agnès CH Peeters, Fabrice Poiteaux, Jérôme Progin, Julien Pronau & Céline Grehan, Robert Quint, Rémi Tamain, Nicolas Tourte, E.T. , Peggy Viallat, Mathieu Weiler.

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Wormhole.s #1 / Temps /

 

Co-commisariat Clément Thibault & Matthieu Weiler

Galerie Laure Roynette – du 15 mars au 21 avril 2018 – 20 rue de Thorigny, Paris 3ème

Avec : Léo Dorfner, Hughes Dubois, Hippolyte Hentgen, Laurent Grasso, Emmanuel Régent, Tim Stokes, Nicolas Tourte, Mathieu Weiler

Wormhole.s #2 / Temps et espaces / 

Co-commisariat Clément Thibault & Matthieu Weiler

La Ruche – du 26 avril au 6 mai 2018 – 2 passage Dantzig, Paris 15ème

Avec : Jean-Marc Cérino, Pascal Convert, Hughes Dubois, Léo Dorfner, Hippolyte Hentgen, Laurent Grasso,
Fabien Leaustic, Gabriel Léger, Caroline Le Méhauté, Emmanuel Régent, Nicolas Tourte, Mathieu Weiler, Brankica Zilovic Chauvain

Visions intermédiaires, château d’Hardelot / Mars à octobre 2017

Vues de l’exposition Visions intermédiaires au château d’Hardelot / Mars à octobre 2017

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Crédit photo : Anto Zoa, Welchrome, Nicolas Tourte